Verkor construit en Haut-de-France la 1ère gigafactory de cellules de batteries bas carbone
Qui est Verkor ?
Verkor, la start-up grenobloise créée en 2020 par 6 fondateurs aguerris à l’industrie internationale de la mobilité, connaît un succès aussi remarquable que son projet. Elle développe des batteries bas carbone destinées aux marchés du véhicule électrique et du stockage stationnaire à grande échelle.
Le projet de gigafactory de batteries bas carbone
Pour réaliser son projet d’industrialisation à grande échelle, Verkor a choisi de construire sa gigafactory à Dunkerque. C’est la 1ère gigafactory bas carbone de France. Conçue sur le modèle de Tesla, l’usine, qui s’étendra sur 500.000 m², sera en mesure d’alimenter en batteries électriques haute performance jusqu’à 300.000 véhicules par an. Le projet représente environ 1,5 Mds € d’investissement, permettra la création de 1200 emplois directs et 3000 indirects et s’étendra sur une superficie colossale de plus de 150 hectares.
Calendrier du projet :
- Juillet 2020 : Création de l’entreprise Verkor
- 2021 : Première levée de fonds de 100 millions d’euros
- Fin 2022 : Installation d’une ligne pilote à Grenoble
- 2023 : Levée de 1 à 1,5 milliard supplémentaire
- 2024 : Ouverture de la première gigafactory
- 2025 : Sortie du premier véhicule équipé d’une batterie Verkor
- 2030 : Production de 50 gigawattheures, soit l’équivalent de 1 millions de véhicule électrique légers de type Renault Zoé
Une croissance fulgurante
En 2021, Verkor réalisait sa première levée de fonds de 100 millions d’euros. La start-up bénéficie du soutien de leaders internationaux comme Schneider Electric, Arkema, Capgemini ou encore le Groupe Idec. Mais le partenaire principal de l’entreprise reste Renault, qui détient 20% de la société. Verkor équipera pour la marque au losange « 150.000 à 200.000 voitures par an à terme » précise Philippe Brunet, membre du conseil de surveillance de Verkor et Directeur des GMP thermiques et électriques de l’alliance Renault Group. Cela représente 10 gigawattheures sur les 50 que compte produire la jeune société d’ici 2030. Les ambitions de cette jeune pousse sont débordantes. « Nous serons 100 [salariés] à la fin de l’année, 1200 dans deux ans et 8000 d’ici 2030 » avance le président du directoire Benoit Lemaignan.
Un marché en pleine expansion soutenu par une volonté politique très forte
L’ambition et la croissance de Verkor reflète la tendance du marché des véhicules électriques. Un marché dont la croissance est exponentielle (63% de hausse par rapport à l’année 2020) et qui n’en est qu’à ses débuts (les automobiles 100% électriques représentent 11,2% des immatriculations recensées en Europe de l’Ouest en 2021). Un marché qui est également soutenu par des politiques publiques européennes très fortes. La Commission européen a annoncé la fin des ventes de voitures neuves à moteur thermique pour 2035. Parallèlement, l’Europe tente de favoriser l’émergence de ses champions face à la concurrence asiatique qui détient le quasi-monopole du marché actuel. Une nouvelle réglementation vise à pénaliser les batteries dont l’empreinte carbone est trop élevée.
Dunkerque la localisation idéale pour la gigafactory de Verkor
La France une localisation compétitive
Ce projet d’implantation n’était pourtant pas réservé à la France exclusivement. La start-up a mené une étude de localisation impliquant 40 sites potentiels uniquement en Europe de l’Ouest.
En effet, le fort niveau d’automatisation du projet permet de ne pas être dépendant des pays à bas coûts qui présentent le double inconvénient d’une position géographique excentrée et d’une production d’énergie fortement carbonée.
Christophe Mille, co-fondateur de Verkor explique « Le coût du travail ne représente que 5 à 10% des frais de fabrication d’une batterie, contre 70% pour les matériaux et 20 % pour l’énergie et les amortissements. L’entreprise compte activer 2 leviers directs pour être plus compétitive :
- Utiliser la robotisation, l’intelligence artificielle et l’optimisation des datas
- Augmenter la recyclabilité des produits : 20% de déchets aujourd’hui contre un objectif de 10% lorsque le projet sera complètement opérationnel.
Les atouts de Dunkerque répondent aux besoins de Verkor
Pour mener à bien son projet, le site choisi par Verkor devait répondre à 3 enjeux très précis :
- Être proche des grands axes routiers
- Disposer d’un vivier d’emplois
- Bénéficier rapidement d’une puissance électrique très importante
Dunkerque répond parfaitement à ces problématiques. Le Grand Port Maritime de Dunkerque est la 1ère plateforme industrialo énergétique d’Europe grâce notamment à la présence de la 1ère centrale nucléaire d’Europe de l’Ouest et au tout nouveau poste électrique dans la zone grandes industries du port ouest (puissance à terme de 110 MW). Il permet d’alimenter des sites industriels très énergivores.
La culture à la fois industrielle et automobile très forte en région Hauts-de-France est également un atout rassurant sur le volet de l’emploi.
Enfin, la société grenobloise pourra tirer avantage de la position stratégique de Dunkerque située aux croisements des grands axes routiers européens.
Il est également utile de rappeler que 50% de l’industrie automobile européenne se concentre dans un rayon de 600km autour de la région Hauts-de-France. Une position intéressante pour la prospection commerciale de Verkor.
Les Hauts-de-France deviennent la « Giga Valley »
En 3 ans, la région Hauts-de-France a réalisé l’exploit d’implanter 3 projets de gigafactory de batteries électriques sur son sol.
En 2020, le projet ACC (Automotive Cells Company) porté à 50/50 par Stellantis et Total/Saft, annonçait son implantation à Douvrin. Son démarrage opérationnel est prévu pour 2023.
En 2021, le groupe sino-japonais Envision, retenu par le groupe Renault pour équiper ses futurs véhicules électriques, officialise l’implantation de sa gigafactory à proximité immédiate de l’usine Renault Douai.
En 2022, l’annonce de la création de la gigafactory de Verkor confirme définitivement l’attractivité et la compétence de la Région Hauts-de-France.
Avec 3 gigafactories de batteries dans un rayon de 100km, les Hauts-de-France sont en passe de devenir la « Giga Valley » européenne, offrant des perspectives de développement à toute cette nouvelle filière. La prochaine étape consistera à accueillir les activités industrielles amont (cathodes, anodes, séparateurs, etc.) et aval (recyclage) afin de disposer d’une filière complète.
Le marché mondial a besoin d’acteurs compétitifs. L’Europe, avec en son sein la région Hauts-de-France, a tous les atouts pour développer des champions internationaux.