Ankorstore est une marketplace BtoB qui met en relation des commerçants avec des créateurs. Créée en 2019 à Paris, l’entreprise connaît un succès et une croissance fulgurante.
Quelques chiffres clés :
- 356 M€ levés en moins de 2 ans
- Présence dans plus de 23 pays en Europe
- 450 employés
- 15 000 marques
- 200 000 commerçants
En Janvier 2022, elle rentre dans le cercle fermé des licornes françaises, c’est-à-dire les entreprises non côtées en bourse valorisées à plus d’1 Mds de dollars.
Ankorstore vient d’annoncer sa décision d’implanter un centre de service client à Lille au sein d’EuraTechnologies, le 1er incubateur et accélérateur de start up de France.
Le partenaire de Nord France Invest, Hello Lille a soutenu l’entreprise dans son projet d’investissement.
NFI a eu la chance d’échanger avec Leslie Dickinson, Directeur du site lillois et vous dévoile les coulisses de cette implantation en région Hauts-de-France.
Pouvez-vous nous parler de votre arrivée chez Ankorstore ?
Leslie Dickinson : « C’est un des fondateurs qui m’a contacté directement pour me présenter le projet. Après le succès du développement du site Booking.com à Tourcoing, nous sommes logiquement passés d’une phase de « Build » à une phase de « Run ». Et moi, je suis plutôt quelqu’un qui construit, qui met en place, qui change des choses. Donc, quand le co-fondateur d’Ankorstore m’a appelé, en me disant que c’était une start-up où il y avait tout à créer et en me présentant la mission et les valeurs de la société, j’ai adhéré immédiatement au projet. Donc j’ai décidé de rejoindre l’aventure. »
Que change concrètement le statut de « Licorne » ?
Leslie Dickinson : « [Rires] C’est vraiment une bonne question.
Une certaine sérénité, je trouve, parce que ça donne quand même une perspective à l’entreprise. Ça montre que le modèle fonctionne. Une levée de fonds en série B, c’est déjà bien, mais une série C, c’est exceptionnel. Ce sont des investisseurs extrêmement sérieux qui sont entrés au capital. Ça montre que les gens y croient. Ça conforte et ça rassure. Ça amène beaucoup de travail, parce que de fait, une fois qu’on a promis, il faut livrer. Donc, il y a des projets qui vont sortir dans les semaines qui viennent. Ça met quand même un tout petit peu de pression, je crois. Voilà, c’est vrai que beaucoup de gens pensent que c’est la fin de quelque chose, mais en fait, c’est le début de quelque chose. Et ça amène beaucoup plus de emails publicitaires [Rire]. »
Ankorstore est une entreprise qui est née à Paris. Pourquoi s’implanter à Lille quand on est né à Paris ?
Leslie Dickinson : « Le siège est bien entendu toujours parisien. Pour le développement de la société, nous avions besoin d’un service client multilingue. Le problème avec Paris est double : c’est assez coûteux et il est difficile de fidéliser les salariés disposant des bonnes compétences. Donc, nous avons une petite équipe à Paris, mais assez rapidement s’est imposée l’idée, que si nous voulions respecter nos ambitions de croissance, ce n’était pas à Paris qu’il fallait le faire. De ce fait, nous avons fait un benchmark des localisations potentielles et nous avons choisi Lille. »
Lors de la phase d’évaluation des sites d’implantations potentiels, Lille était en compétition avec d’autres métropoles françaises. Pourquoi avoir choisi Lille ?
Leslie Dickinson : « Premièrement, nous sommes une entreprise internationale. Donc, le premier enjeu, c’était la disponibilité de ressources multilingues. Notre profil de recrutement, c’est un profil qui parle anglais d’abord et qui, après, parle d’autres langues, notamment au moment de notre choix, nous étions concentrés sur du suédois, de l’allemand, du français, de l’anglais et du néerlandais. Donc forcément, de par mon expérience chez Booking.com, je savais que ces compétences linguistiques sont disponibles dans la région, qu’il est assez facile de les trouver, de les embaucher et de les fidéliser.
Cet élément a constitué une grosse partie de notre choix.
Ensuite, il nous fallait un site à moins d’une heure de Paris. Nous avons besoin, surtout dans un premier temps, d’envoyer nos collaborateurs sur le site parisien pour faire les formations, montées en compétence, etc. Donc, la situation géographique proche de Paris était primordiale également. C’est principalement ces deux raisons.
Et puis, nous souhaitions nous implanter dans une ville qui comprenne l’esprit des start-ups et qui a l’expérience de l’accueil de ce type de structure. Donc nous cherchions une ville orientée technologie. Lorsque nous avons visité EuraTechnologies ça nous a plu tout de suite parce qu’on s’est senti chez nous. »
Pour vous, quel est le principal bénéfice du site d’EuraTechnologies ?
Leslie Dickinson : « Le centre de service client est notre première raison d’être à Lille. Mais ce n’est pas la seule. Nous cherchons en fait à créer une antenne de notre siège français à Lille. Donc cela veut dire qu’à terme, pas dans l’immédiat, ça va peut-être prendre six mois à un an, mais à terme, nous souhaitons avoir d’autres compétences sur ce site que le service client ou le support technique, comme nous l’avons appelé. Ce qui veut dire que nous allons peut-être commencer à chercher des développeurs. Nous allons peut-être commencer à chercher des compétences en vente, par exemple, en marketing, en web, … Et dans ce prisme-là, nous avions plutôt intérêt à être dans un milieu de start up que dans un milieu de bureaux classiques. C’est en cela qu’Euratechnologies est totalement approprié. L’écosystème tech là-bas est très intéressant. »
De quel accompagnement vous avez bénéficié pour votre implantation et en quoi vous en avez été satisfait ?
Leslie Dickinson : « Le sujet est vaste car il y a eu plein de choses. Mes interlocuteurs ont surtout été les équipes d’Hello Lille.
Dans la première phase, nous avions beaucoup de questions sur la capacité de recrutement, sur le bassin d’emplois. Nous avions besoin de statistiques et de données qui étaient nécessaires pour faire l’évaluation des différents sites d’implantation potentiels. Les équipes d’Hello Lille ont été très à l’écoute de nos besoins pour nous fournir les informations les plus précises et pertinentes possibles.
Ils nous ont aidés à trouver des locaux temporaires dans un premier temps pour nous héberger et des locaux définitifs en parallèle.
Ils nous ont également mis en relation avec l’écosystème local, comme des recruteurs, des entreprises d’accompagnement RH, des sociétés de co-working, …
Enfin, ils nous ont accompagnés dans les aspects financement du projet. »
Quel conseil donneriez-vous à un chef d’entreprise qui hésite à implanter son site, sa future filiale, dans le nord de la France ?
Leslie Dickinson : « Je dirai deux choses. Premièrement, faire un score card, (une grille d’évaluation des localisations). Et, deuxièmement, faire confiance à ses tripes. Parce que s’il fait ça, il va finir dans le nord de la France [Rires].
En fait, il faut rendre la décision du site objective et subjective en même temps. La grille d’évaluation, forcément va gommer l’aspect émotionnel et parfois politique qui intervient dans la décision. Une fois qu’on a le score, il y a forcément un gagnant qui sort. Et si on est content avec ça, il faut suivre ses tripes. Si on n’est pas content, c’est pareil, il faut suivre son instinct. C’est un tryptique. Il y a le relationnel, la transparence et les données. Par exemple, si je m’entendais très bien avec les équipes d’implantation d’une ville, mais que finalement, les données sur les capacités de recrutement étaient mauvaises, ou si on ne pouvait pas trouver des locaux, etc, il aurait été suicidaire de choisir cette ville basée uniquement sur la partie relationnelle. Et de l’autre côté l’expérience que l’on va vivre lors des visites de sites potentiels est primordiale et doit être soignée par les équipes en charge. C’est tout à fait le cas en ce qui concerne Lille. »
Quelles sont les prévisions de développement pour le site de Lille ?
Leslie Dickinson : « Pour le centre de service clients, cette année 2022, on va finir l’année avec une centaine de personnes recrutées sur ce site de Lille. Il est possible qu’on monte à 200 en 2023. Il ne faut pas oublier que nous sommes une start up, donc tous ces chiffres sont du prévisionnel qui peuvent changer d’une minute à l’autre. Mais c’est l’objectif du projet, c’est de monter jusqu’à 200, 250, peut être sur Lille avant d’ouvrir un autre site dans un autre pays. Nous sommes destinés à avoir plusieurs sites et de toujours augmenter nos effectifs au fur et à mesure des années. »
L’implantation du centre de service client d’Ankorstore est une reconnaissance très forte de l’attractivité du territoire sur deux volets. Premièrement, elle conforte le bon positionnement des Hauts-de-France sur le secteur de la relation client avec une capacité de recrutement de profils multilingue confortable pour les entreprises du domaine. Enfin, elle témoigne de la puissance de la métropole sur les enjeux de technologies grâce à son atout majeur : EuraTechnologies.
Nous tenons à remercier Leslie Dickinson pour sa disponibilité et l’échange sans filtre que nous avons pu avoir, ainsi que le service Communication d’Ankorstore.